La plus belle épreuve de trot attelé du monde se déroulera le dimanche 25 janvier. La bannière étoilée (son nom a été donné par la France pour remercier les Etats-Unis de leur intervention lors de la Première Guerre Mondiale) va de nouveau flotter sur la cendrée de Vincennes. 1.000.000 € d’allocations, 40 millions d’euros d’enjeux en moyenne, 35 pays retransmettant l’événement, 500 journalistes accrédités… des données qui donnent le vertige, comme, en général, le déroulement de la course, où dix-huit des meilleurs trotteurs de la planète se mesurent. C’est l’occasion pour nous de revenir sur les acteurs, aussi bien équidés qu’humains, qui ont forgé la légende du Championnat du Monde du trot attelé, et qui ont offert des moments inoubliables aux amoureux de la cendrée.
Les chevaux
Le plus titré : Ourasi, le "Roi Fainéant", et sans partage
Quatre succès dans l'Amérique (1986, 1987, 1988 et 1990)... Celui qu'on a surnommé le « Roi Fainéant » a fait raisonner les tribunes de Vincennes comme jamais, et demeure, pour l'instant, le seul trotteur à avoir passé à quatre reprises le poteau en tête dans l'épreuve reine. « Je ne pensais pas que les chevaux puissent être intelligents, mais avec Ourasi, j'ai changé d'avis... » dira son maître à penser Jean-René Gougeon. Huit ans de carrière, 21.782.895 francs de gains, 58 courses de gagnées... Le fils de la petite jument Fleurasie, qui donna naissance également à une autre star majeure du trot français, Vourasie, tira sa révérence le 28 janvier 1990, après avoir soulevé son quatrième sceptre américain. Le trotteur le plus célèbre et le plus médiatisé de l'Hexagone nous a quittés le 12 janvier 2013, à l'âge de 33 ans.
La quatrième victoire d'Ourasi, ou le jour où il est entré dans l'histoire
Les Triples Couronnes :
Uranie, la première « star »
La belle alezane débuta victorieusement à Rouen le 14 mai 1923. Aussi élégante que caractérielle, elle donna des cheveux blancs à son entraîneur Valentino Capovilla par la suite. Assagie, la jument devient quasiment imbattable et amène sur l'hippodrome une foule considérable à chacune de ses courses. Elle décrocha l'Amérique en 1926, 1927 et 1928.
Roquépine a mis le monde à ses pieds
Grande, puissante, dotée d'une pointe de vitesse acérée, cette fille d'Atus II ne s'est pas contentée d'être la deuxième jument de l'histoire à enlever trois Prix d'Amérique (1966, 1967, 1968). Elle mit aussi l'Europe (trois titres dans le Circuit européen) et le Monde (a remporté deux fois l'International Trot américain) à ses pieds. Morte relativement jeune (14 ans), elle connaîtra un beau succès en mettent au monde Florestan, qui sera l'un des meilleurs étalons de tous les temps.
Revoir sa victoire de 1968
Bellino II, le « rouleau compresseur »
Il occupe une place à part au Panthéon des trotteurs, se montrant aussi tranchant au sulky qu'au trot monté, et ayant montré des qualités sur 3000 mètres comme sur 1609 mètres. Il s'est offert l'Amérique de 1975 à 1977. Michel-Marcel Gougeon, un de ses partenaires, dira de lui : « C'était un cheval de train. En course, il était facile. Il trottait avec un petit mors à grenouille. Question allures, il enroulait, il n'avait pas une belle action. Au travail, je ne suis jamais arrivé à le faire trotter plus vite que 1'35'', mais sur la piste, il était transformé. » (Paris-Turf 19/01/2002).
Revoir son sacre en 1977
Les doublés
Varenne a gagné deux fois. Il défendait les couleurs italiennes, le pays le plus titré dans l'Amérique, avec treize succès.
Pro Patria : 1920, 1921, qui remporte les deux premières éditions de la course. Passeport (1923, 1924), Hazleton (1931, 1932) Amazone B (1930, 1933), Muscletone (1935, 1937), De Sota (1938, 1939), Ovidius Naso (1945, 1946), Mighty Ned (1948, 1951), Gélinotte (1956, 1957), Jamin (1958, 1959), Ozo (1963, 1965), Tidalium Pelo (1971, 1972), Idéal du Gazeau (1981, 1983), Varenne (2001, 2002), Offshore Dream (2007, 2008) et Ready Cash (2011, 2012).
Le plus rapide : Royal Dream
En 2013, ce fils de Love You, piloté par Jean-Philippe Dubois, en plus d'empêcher Ready Cash de réussir le triplé, fut le premier trotteur de l'histoire à descendre sous les 1'12'' (1'11''9) dans l'Amérique. A ce jour, ce représentant de la casaque Victoria Dreams détient toujours le record. La famille Dubois, d'ailleurs, fait partie des dynasties les plus capées de l'Amérique. Le patriarche, Jean-Pierre s'est distingué, avec son élève Hymour en 1982, ainsi que High Echelon en 1979 (entraîneur : G.M. Ollitrault). Jean-Etienne, le deuxième fils, se démarqua avec Coktail Jet en 1996.
Revoir la victoire de Royal Dream
L'histoire la plus dure : la destitution de Jag de Bellouet
Au sommet de son art, « l'ogre » de Christophe Gallier va s'imposer pour la première fois dans l'épreuve reine dans un véritable canter en 2005. L'année suivante, il réussit à conserver son titre. Ce fut un triomphe de courte durée, puisque quelques semaines après avoir gagné, il se voit disqualifié pour contrôle positif, concédant son trône à Gigant Néo. Par la suite, sa carrière a connu des fortunes diverses, jusqu'à ce que son mentor décide d'arrêter sa carrière le 14 novembre 1997. Depuis, « Jag » est devenu un étalon recherché. Il demeure, à ce jour, le dernier champion à avoir remporté le Prix de Cornulier et le Prix d'Amérique la même année.
La victoir de Jag en 2005
Il est arrivé invaincu pour son rendez-vous américain en 1991, Ténor de Baune !
Ce trotteur a dicté sa loin en étant invaincu : trente victoires consécutives, toutes gagnées avec son propriétaire entraineur Jean-Baptiste Bossuet à son sulky. Remporter le Prix d'Amérique avec un palmarès vierge de toute défaite n'avait jamais été réalisé auparavant... Et l'exploit semble, pour l'heure, encore inatteignable.
Revoir son sacre
Les hommes :
Jean René-Gougeon, l'artisan de tous les records
Titulaire de 2120 succès, dont la plupart des belles épreuves hexagonales, il détient le plus beau palmarès de l'Amérique, avec huit victoires au niveau drive (1966, 1968, 1975, 1976, 1977, 1986, 1987, 1988) et cinq en tant qu'entraîneur (en 1970 grâce à Toscan, piloté par son frère Michel-Marcel Gougeon, les autres avec Ourasi). Celui qu'on surnommait le « Pape » nous a quittés en juillet 2008.
Henri Levesque, le propriétaire le plus titré
Le grand-père de Pierre Levesque, grâce à Roquépine, Upsalin en 1969 et Masina en 1961, possède la casaque la plus titrée, avec cinq victoires. Celui qui fut un des premiers professionnels du trot à croire au croisement franco/américain demeure l'instigateur de la dynastie « Levesque ». Il est décédé en 1978, à l'âge de 70 ans.
Alexandre Finn, un « bâtisseur » européen
Né en Russie, installé ensuite en Autriche, passé par la France et l'Italie, l'homme de Passeport, Muscletone et De Sota aura marqué l'histoire du trot européen. En tant que driver, il compte six succès. En tant qu'entraîneur, il a présenté cinq gagnants, ce qui lui permet d'apparaître dans le couplé gagnant des meilleurs pilotes/metteurs au point de ce groupe I.
Helen Johansson, la seule femme à avoir gagné
Helen Johansson est la première et unique femme à ce jour à avoir remporté au sulky d'Ina Scot en 1995.
Revoir la victoire d'Ina Scot